Comme nous l’avons vu, les huiles essentielles en cas de problèmes cutanés peuvent être différentes. Et même si dans l’article précédent, il y a des synergies toutes prêtes élaborées par des spécialistes en aromathérapie, on peut se demander, comment créer sa propre synergie, et quelles huiles essentielles utiliser.
Récapitulatif de ce dont j’ai besoin quelque soit la pathologie cutanée :
- Une HE anti-infectieuse 1, car, pas de doute, j’ai un problème de peau, j’ai une infection
- Une HE anti-inflammatoire, car oui, la peau n’est pas comme d’habitude, j’ai une inflammation cutanée
- Une HE pour réparer la peau et la régénérer.
A cela, que faut-il ajouter dans la synergie ? Une autre HE anti-infectieuse 2
- si l’origine est bactérienne, comme l’intertrigo, alors une HE très bactéricide est importante.
- Si l’origine est virale, comme la verrue, l’herpès, le zona, une HE virucide en plus ne ferait pas de mal
- Si des champignons comme parfois pour l’intertrigo mais surtout les mycoses, une HE fongicide sera la bienvenue.
Voilà globalement ce que doit contenir la synergie; 4 huiles essentielles, en sachant que l’HE anti-infectieuse 1 sera le plus souvent aussi virucide, fongicide et bactéricide, s’associant ainsi à l’action de l’HE anti-infectieuse 2
Quelles autres huiles essentielles pourraient s’ajouter à notre synergie ?
- J’ai beaucoup de démangeaisons ; certaines huiles anti-inflammatoires soulageront aussi les démangeaisons, mais pourquoi ne pas aussi rajouter une HE antiprurigineuse ?
- Le Stress est en grande partie responsable de mon problème cutané, donc, une HE déstressante peut aussi être utile.
- Mes globules blancs sont fainéants et j’ai besoin de booster mon corps, une HE immunostimulante serait appréciable.
Bon, si on ajoute le tout, on arrive à un mélange de 7 HE, et c’est beaucoup. La plupart des ouvrages préconisent un maximum de 3 à 4 HE pour une synergie, sinon, et, bien, après c’est l’anarchie ( ce qui est curieux c’est que ces mêmes auteurs préparent des synergies avec plus de 3 ou 4 HE, enfin passons ).
On a de la chance, la plupart des HE sont multitâches, et donc on trouvera plusieurs propriétés dont on a besoin dans une seule HE.
Voilà, maintenant que l’on sait ce dont on a besoin, vers quelles huiles essentielles, vers quels chémotypes se tourner ?
Si c’est un gros problème cutané, ou que l’on traîne depuis longtemps, on peut mettre un Phénol ou un Aldéhyde aromatique dans la synergie, couplé avec un Monoterpénol. Le Phénol ( anti-infectieux général dont fort pouvoir bactéricide, et immunostimulant ) ou l’Aldéhyde aromatique ( anti-infectieux général, et fongicide ) sont des tueurs, mais à prendre avec de très grandes précautions et surtout respecter les contre-indications. Les Monoterpénols ( anti-infectieux généraux ) sont aussi des tueurs, mais à pattes de loup. Ils sont plus faciles à utiliser, sur des plus longues durées, et donc, coupler les deux est plutôt une bonne idée.
Il est vrai qu’on associe souvent plutôt deux Monoterpénols ( anti-infectieux, virucide, bactéricide, fongicide… ) dans la synergie ( plutôt qu’un Phénol/Aldéhyde aromatique et Monoterpénol ) car ils sont plus souples d’emploi et mieux tolérés par la plupart des gens.
Pour l’huile essentielle anti-inflammatoire, on se tournera vers un Sesquiterpène, un Aldéhyde terpénique ( qui est aussi fongicide ) ou un Ester ( qui est aussi bon contre le stress )
Pour aider la peau à se régénérer, on en trouve dans différents chémotypes ( dont les Cétones), cela dépend vraiment de l’huile essentielle.
Je ne vais pas plus loin dans la liste, car on verra que les propriétés anti-stress, antiprurigineux ou immunostimulant seront dans une ou plusieurs HE des 4 huiles de base de la synergie.
A ne pas oublier, si j’utilise un Aldéhyde terpénique ou un Phénol ajouter à la synergie l’HE de Citron est une bonne idée pour calmer un peu leur toxicité sur le foie notamment.
Que les Esters avec les Monoterpénols font de bons fongicides
Bon, après tout ça, je me dis que les formules toutes prêtes ont vraiment du bon, mais le titre de l’article est “ pour aller plus loin “ , alors…
Huile essentielle 1 : l’anti-infectieux 1 : phénol ou aldéhyde aromatique ou monoterpénol
Chez le Phénol, le tueur des tueurs, le Carvacrol est la molécule la plus toxique pour nous, et l’Eugénol, la moins toxique, donc, préférer cette molécule que l’on trouve dans :
Cannelle de Ceylan, feuilles, le Clou de girofle
Le Carvacrol se trouvera dans :
l’Origan, la Sarriette des montagnes, thym à thymol…
Si on utilise un Phénol, il est bon d’y associer de l’HE de Citron pour protéger le foie.
Ou, à la place du Phénol, un Aldéhyde aromatique . Et là, grosso-modo, on retrouve qu’une huile essentielle : La Cannelle, soit la Cannelle de Chine, soit l’Ecorce de Cannelle de Ceylan
A ne pas oublier que Phénols et Aldéhydes aromatiques sont dermocaustiques.
Si on prévoit d’utiliser longtemps la synergie, si on a des problèmes de foie ou plutôt un terrain allergique, épileptique, et j’en passe, c’est sûr, mieux vaut éviter de mettre un Phénol ou un Aldéhyde aromatique dans la synergie.
Si on préfère jouer la sûreté ( ce que je fais car je n’utilise ni phénol, ni aldéhyde aromatique pour les problèmes cutanés, en dehors de la Cannelle pour les verrues ) , on utilisera comme anti-infectieux 1, une HE à Monoterpénols, ce qui nous amène à l’huile essentielle 2
Huile essentielle 2 : Anti-infectieux : le Monoterpénol
Il y en a beaucoup, en sachant qu’on y trouve comme molécule le Linalol qui est astringent et tonique cutané, le Géraniol, le plus anti-infectieux des Monoterpénols, et le Terpinène 1-ol-4, qui est immunostimulant. Et les vainqueurs sont :
Pour le Linalol ; Bois de Hô, Coriandre doux, Thym à linalol, Néroli, Lavande Aspic, Lavande vraie ou fine…
Pour le Géraniol ; Monarde fistuleuse, le Palmarosa, thym à Géraniol, Néroli, Citronnelle de Java, Géranium rosat ( qui est aussi régénérant cutané, antiprurigineux, cicatrisant… )
Pour le Terpinène 1-ol-4 ; le Tea Tree ( tiens tiens ! ), Thym à Géraniol, Lavande Aspic, Marjolaine à coquille…
Dans les Monoterpénols, nous retrouvons aussi la Rose de Damas, Menthe poivrée, Menthe des champs, Hysope couchée, les Thyms à Thujanol et Saturoïde…
Et si vous regardez la plupart des synergies, vous verrez que nous retrouvons ces Monoterpénols dans toutes les synergies, et souvent au moins 2 de chaque ( car rarement des Phénols ou des Aldéhydes aromatiques )
Huile essentielle 3 : l’anti-inflammatoire : le sesquiterpène ou l’aldéhyde terpénique ou l’ester
Pour les Sesquiterpènes, nous retrouvons l’HE de Myrrhe qui est aussi cicatrisante et a une action locale contre la douleur, le Nard de l’Himalaya, qui a aussi une action contre les démangeaisons, la Camomille noble ou romaine aussi antiprurigineuse, la Camomille matricaire ou allemande, un très grand anti-inflammatoire, pour les problèmes allergiques aussi.
Qui avons- nous aussi comme HE dans les Sesquiterpènes ? Le Gingembre, l’Ylang-ylang, Baume de Copahu, Cèdre de l’Atlas, Patchouli, Katafray, Tanaisie…
Et l’Hélichryse italienne qui contient aussi des Sesquiterpènes ( mais beaucoup plus d’esters ) , anti-inflammatoire, anti-hématome, agit sur la couperose, l’eczéma, les plaies.
Chez les Aldéhydes Terpéniques, on retrouve nos saveurs citronnées : Lemongrass, Litsée citronnée, Verveine citronnée, Eucalyptus citronnée, Citronnelle de Java, Mélisse.
A ne pas oublier, avec les Aldéhydes Terpéniques, nous avons aussi un effet fongicide, calmant, antidépressif.
Chez les Esters, l’Hélichryse Italienne, la Camomille romaine, l’Encens , le Baumier du Pérou, Cardamome, Petit grain Bigarade, Lavandin super, Lavande vraie, Gaulthérie couchée et odorante…
Et d’autres huiles essentielles qui contiennent aussi, dans une moindre mesure, des Esters, l’Ylang-ylang, le Géranium rosat, le Thym à Géraniol, le Néroli, le Ciste Ladanifère, l’Epinette noire…
Huile essentielle 4 : le Régénérant cutané.
Je vais me répéter, car nous retrouvons des huiles essentielles énoncées précédemment : La Lavande fine ou vraie, la Lavande Aspic, le Patchouli, le Bois de Hô, le Ciste Ladanifère, le Géranium Rosat…
Voilà un peu comment faire sa propre synergie. Comme indiqué plus haut, nombre d’huiles essentielles ont plusieurs propriétés, donc 4 huiles pour une synergie est amplement suffisant :
Exemples :
La Lavande fine contient des Esters, donc elle c’est un bon anti-stress, mais elle contient aussi des Monoterpénols, donc, anti-infectieux…
La Lavande aspic contient des Monoterpénols, anti-infectieux, mais aussi des Cétones, pour la régénération de la peau
Le Géranium rosat contient des Monoterpénols, anti-infectieux, mais aussi des Esters ( anti-stress) et des Cétones ( régénérant cutané )
La Menthe poivrée continent des Monoterpénols ( anti-infectieux ), des Cétones ( cicatrisant ), des Esters ( anti-stress)…
J’arrête là, vous avez compris le principe.
Oui, mais bon, je sais quelles HE je vais utiliser, mais la quantité, le nombre de gouttes ? Je partirai du principe qu’on peut mettre un nombre égal pour chacune des 4 HE de la synergie, mais, des exceptions, bien sûr :
Si on utilise un Phénol, un Aldéhyde aromatique , ne mettre qu’un dixième de cette HE dans la synergie ( exemple, si ma synergie comprend 40 gt d’HE, ne mettre que 4 gt du Phénol ou de l’Aldéhyde aromatique, et partager les 36 autres gouttes avec les 3 autres HE ) .
Après, on peut décider de mettre plus de Monoterpénols que d’anti-inflammatoires selon la pathologie, ou plus d’esters si on trouve que l’antistress est primordial, etc…
Mais toujours vérifier les contre-indications pour chaque huile essentielle ( papy y radote ! )
Pour la durée du traitement; en général pour les verrues, l’acné, la couperose, c’est jusqu’à amélioration. Pour les autres pathologies, l’application des HE peut durer assez longtemps, donc pratiquer la fenêtre thérapeutique, à savoir trois semaines de traitement, une semaine de repos, et à renouveler si besoin.
Pour la base d’HV, voir l’article sur les huiles végétales.
Pour la dilution, voir article problèmes de peau Première partie. ( Dans mon cas, je dilue à 50%, soit, moitié huile essentielle, moitié huile végétale car c’est un taux de dilution que je supporte bien, excepté avec l’huile essentielle d’écorce de Cannelle de Ceylan que même à forte dilution, je supporte mal, sauf cas verrues car très localisées )
Note perso : pour toute inflammation cutanée avec démangeaison, je mets au moins de la Camomille romaine et de la Menthe poivrée, je trouve que cette paire fonctionne à merveille ( mais, c’est perso et c’est sur ma peau, donc, pas de généralités ). Le plus souvent, dans les ouvrages, au lieu de la Camomille romaine, il est indiqué Camomille allemande, plus efficace. Ce n’est pas le cas pour moi. Donc, je me re-re-répéte, chacun a des affinités particulières avec les huiles essentielles et on ne trouve pas toujours du premier coup celles qui fonctionnent sur soi, mais j’espère, après cet article, vous avoir un peu éclairé sur la façon de faire sa propre synergie.