Des mois qu’on parle d’huiles essentielles, d’arômes, de synergies, et j’en passe, et pas encore un seul article sur l’odorat. J’aurais dû commencer par ça . Comment fonctionne l’odorat ?
Donc, de nouveau, des détails techniques, puis je finirai par un exercice à pratiquer chez soi, à deux, afin de relier le sujet avec votre flacon d’arôme, votre doudou olfactif comme je l’ai déjà appelé ( sénilité quand tu nous guettes ! )
Première étape : Au fond du nez, dans les cavités nasales, nous avons épithélium olfactif (de 5 cm². Chez les chiens au long nez, 200 cm² ). Cette fine couche de tissu contient des neurones olfactifs ( remplacés toutes les 4 à 8 semaines ) qui possèdent, à une de leur extrémité, des cils qui dépassent dans la cavité nasale et baignent dans du mucus protégeant et recouvrant les terminaisons nerveuses libres. Les molécules odorantes traversent le mucus et sont capturées par ces cils, des récepteurs olfactifs, chacun spécifique à une odeur. La molécule odorante va s’imbriquer dans un récepteur. Nous avons environ 350 capteurs ( le rongeur en a 1000, l’éléphant 2000, ça remettra l’être humain à sa place) . Il est très difficile d’estimer le nombre d’odorants perçus. Certains disent 10.000, d’autres 400.000, c’est peut-être plus ! En effet, la reconnaissance des odorants par les récepteurs olfactifs est de type combinatoire, ce qui permet de différencier une myriade de produits odorants.
Un neurone olfactif stimulé génère un influx nerveux qui va passer dans le cerveau au niveau du bulbe olfactif. C’est seulement quand cet influx nerveux sera traité par les zones spécialisées du cerveau que la stimulation deviendra une perception, c’est-à-dire une « odeur » dont on aura conscience et qu’on pourra éventuellement nommer.
Deuxième étape dans le cerveau : le bulbe olfactif collecte l’information de l’épithélium olfactif et dresse la carte d’identité chimique de l’odorant. Ce bulbe est une structure dans le cerveau, au-dessus de chaque cavité nasale.
Les autres extrémités des neurones olfactifs sont en connexion avec les prolongements d’un autre type de cellules, les cellules mitrales, dont les secondes extrémités se projettent sur le cortex olfactif primaire
Troisième étape : le cortex olfactif. Il fait partie du système limbique, carrefour des émotions et de la mémoire. Environ 150 millisecondes après l’inhalation, le message odorant parvient à la deuxième synapse du parcours olfactif. On n’a pas conscience de cette progression qui pourtant stimule deux zones importantes, l’amygdale et l’hippocampe :
L’amygdale traite les émotions, agréables ou désagréables tandis que l’hippocampe joue un rôle majeur dans l’encodage et le rappel des souvenirs. Vous connaissez sans doute la madeleine de Proust : l’écrivain décrit dans À la recherche du temps perdu un souvenir d’enfance réveillé par la stimulation de son cortex olfactif ! Car, si l’effluve de la madeleine est fugace, la mémoire olfactive peut durer toute la vie.
La quatrième étape fait intervenir le cortex orbitofrontal qui traite l’information olfactive de façon consciente. Après le cortex olfactif, le message nerveux aboutit, au bout de 300-500 millisecondes, au cortex orbitofrontal qui se trouve juste au-dessus des yeux. Nous sommes maintenant dans le néocortex, qui relie les sensations conscientes aux fonctions cognitives, aux fonctions de jugement, et au langage. Le cortex orbitofrontal intègre également les informations gustatives lorsqu’il s’agit de nourriture.
NB : A savoir que le sens du goût et celui de l’odorat sont étroitement liés. La gorge et la cavité nasale sont reliées, l’odeur des aliments parvient jusqu’à épithélium olfactif. A l’aide de notre langue, nous ne pouvons distinguer que 5 ou 6 goûts différents ( ainsi que la consistance et la température des aliments ) . La plus grande partie des informations gustatives nous est fournie par les récepteurs olfactifs.
Voilà, petit tour rapide et schématisé dans notre cerveau pour comprendre ce qu’il se passe lorsqu’on ouvre notre flacon d’huile essentielle, et le cheminement des molécules qui passent directement dans notre cerveau.
Ce sujet semble un peu inapproprié pour un blog sur les huiles essentielles ( vous commencez à en avoir l’habitude ), mais il me semblait important de connaître aussi la partie technique de l’arôme.
Bon, nous arrivons à notre exercice :
1 / choisissez un flacon d’huile essentielle, un arôme qui vous fait du bien, qui vous rassure, vous rend euphorique, vous apaise, bref, un que vous aimez particulièrement ( Ledon du Groenland pour moi ou Pin de Patagonie ). Votre binôme fait de même.
2 / L’un de vous ferme les yeux et essaye de se souvenir d’un évènement malheureux ( je n’ai pas dit que l’exercice était facile ) lorsqu’il était en colère, ou triste. L’autre le guide dans ses souvenirs ( avec qui étais-tu, à quel endroit, décris le lieu, les circonstances, l’action, une odeur…)
3 / Même exercice mais avec un évènement heureux. A la fin de cette troisième étape, le binôme fait sentir l’huile essentielle que vous avez choisi.
4 / Revivez le souvenir malheureux, puis, le binôme fait soudainement humer votre huile essentielle.
Et là, votre état émotionnel devrait immédiatement changer pour retrouver celui de l’étape 3 . Si ça marche pour vous, alors vous avez trouvé votre “ ancrage positif “, votre huile essentielle que vous pourrez humer lorsque vous serez triste, en colère…
Répétez l’exercice ensuite avec votre binôme, en changeant les rôles.
Cet exercice est proposé par Lydia Bosson
Un lien pour aller plus loin pour l’aspect technique de l’odorat :
https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/neurobiologie/dossier-les-secrets-de-lodorat-3501.php